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Mais toi, l'enfant, ta vie est pareille aux bonaces
Qui divisent le cours des tempêtes en mer.
Le sang que tu as vu par ruisseaux se répandre
N'a pu souiller les purs miroirs de tes yeux clairs.
Tu étais jeune, alors ; tu ne dus rien comprendre
À ces meurtres brutaux ensanglantant la nuit
Et dont la rouge horreur effrayait la lumière
Ton cœur ignora tout…


ÉLECTRE


Hélas ! il a compris ;
Il sait que l'amour tue et ravage la terre
Comme un fléau soudain, et que rien n'est plus fort
Sous les cieux embrasés de volontés mauvaises
Que le chant de sa vie, ou le cri de sa mort ;
Et puis, il sait aussi que les destins se plaisent
En ces jours d'infortune à se jouer des rois
Et que mentent les mots sur les lèvres humaines
Et que Castor vous hait et qu'il veut à la fois
Perdre le chef de Sparte et le maître d'Hélène.
Mon cœur recèle en soi de violents secrets.