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Mes yeux n’ont que trop vu se coucher de soleils !
Mais aujourd’hui, je te reviens, l’âme meilleure
Sachant quel bonheur sûr mon cœur a négligé,
En arrachant sa vie aux soins de ta demeure ;
Je t’apporte mon être étrangement changé
Et pour vivre avec toi, une femme nouvelle.


MÉNÉLAS


Les Dieux sont attentifs à de tels vœux, toujours !


HÉLÈNE


Jadis quand je m’en vins comme épouse fidèle
Une première fois vers ton tranquille amour
Voulant n’être qu’à toi, et de toute mon âme.
Tu me disais — sur ce banc même où je m’assieds —


(elle s’assied sur le banc à gauche)


“ Les raisins de ma vigne ont des grappes de flamme, ”
“ Mes troupeaux sont pesants, et larges mes celliers ; ”
“ Je ne sens pas en moi la volupté guerrière ”
“ De me ruer vers la conquête ou vers la mort, ”