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CASTOR


Oh ! l’avoir vue ainsi dans la pleine lumière
Avec tout le soleil sur ses épaules d’or,
Elle, l’orgueil d’Hellas, elle, la grande Hélène,
Et songer que ces yeux, et ces bras, et ces mains,
Et ce front comme armé de force souveraine
Et ce torse dardant les brasiers de ses seins
Échouent au vieillard Ménélas comme une épave.


POLLUX


Mon cœur en a souci tout autant que le tien,
Car c’est comme butin de guerre et comme esclave,
Qu’Hélène fut donnée au roi et lui revient.


CASTOR


Que n’ai-je pénétré dans Ilion croulante
Quand ses femmes hurlaient autour de leurs foyers
Et que ses murs tombaient en des mares sanglantes
Mêlant leurs blocs fendus à des guerriers broyés !