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LE PRIEUR

Ce cloître a délaissé les pratiques anciennes. Un moine, un de vos frères, me les a rappelées. Depuis que les confessions publiques sont abolies, la vigueur morale de notre ordre est atteinte. Il y a dix ans, sous Dom Gervais, mon maître et mon prédécesseur, elles florissaient encore. Je les rétablis aujourd’hui.

Vous allez entendre la confession d’un parricide…

THOMAS (se levant tout à coup)

D’un parricide ?

LE PRIEUR (continuant froidement)

… D’un parricide dès longtemps pardonné. Devant le monde, un aussi large et gratuit aveu serait impossible. Mais vous êtes des moines, vous comprendrez la beauté et l’héroïsme de l’aveu, vous exalterez ce que des âmes moins hautes que les vôtres ne saisiraient même pas. (À dom Balthazar.) Confessez-vous, mon frère.

DOM BALTHAZAR (se lève et s’agenouille sur la natte de paille,
au milieu du chapitre)

Je vous demande pardon à tous, d’avance, car mon crime est ancien et j’ai vécu indemne en ce cloître, pen-