Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

DOM BALTHAZAR

Pouvoir te ressaisir…Oh ! j’en suis sûr !
J’arracherai publiquement, devant mes frères,
Du fond de mon cerveau, le mal rouge et griffu,
Je le noierai dans les eaux d’or de leurs prières,
J’irai vers eux, fervent, soumis, heureux, confus,
Le cœur fleuri de ma douleur et de ma crainte.
Je laverai ma force en leurs conseils sans feinte,
Je les prierai de prendre en main mon espoir las,
Mon doute et ma terreur, ma rage et ma misère.
Je dirai tout et vous m’assisterez, mon Père…

LE PRIEUR

Sois sans crainte, je serai là, je serai là.

Il sort, DOM BALTHAZAR court vers DOM MARC, qui, de loin, depuis un instant, les regardait.
DOM BALTHAZAR

Mon frère Marc, sais-tu que je m’en vais renaître,
Qu’un nouveau jour va dissiper ma nuit
Que je serai, bientôt, comme autrefois, celui
Que tu aimas…