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PHILIPPE II

Mais nos provinces du Nord sont insoumises. Il faut, pour les dompter, de la terreur et du sang-froid. Sièges de villes, assauts, batailles, vie rude et fatigante des camps. Don Carlos n’y pourrait suffire.

DON JUAN

Je serais à ses côtés ; je mettrais mon courage au service du sien ; je sais commander et vaincre. Où de vieux capitaines échouent, les jeunes triomphent.

PHILIPPE II

J’ai fait transporter en Lombardie par Don Garcia toute l’infanterie qui occupait Naples, la Sicile et la Sardaigne ; j’ai ordonné au duc d’Albuquerque de dédoubler le nombre de mes cavaliers de Milan. Toutes ces troupes, et celles que je lève en Allemagne, connaissent, aiment, et ont confiance dans Alvarez de Tolède. Elles savent qu’il les doit commander et mener en Flandre. Ma sœur, elle-même, qui redoute le duc, a fini par comprendre que seul il la pouvait aider et sauver, là-bas. Toutes ces mesures difficiles sont enfin prises et acceptées, et j’irais les déranger pour un caprice d’enfant ?