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œuvres de émile verhaeren


L’USINE


L’usine vibre au loin, sous ses toits longs et lourds,
Parmi les terrains roux et les noires venelles ;
Et l’orage captif, qui roule et gronde en elle,
Fait trembler les carreaux aux fenêtres du bourg.

Comme une bête étend sa ferme et souple échine,
Elle allonge sa force au centre des travaux ;
Et l’on dirait qu’au fond d’elle règne un cerveau
Qui commande le jeu précis de ses machines.

On l’écoute, sachant qu’elle est quelqu’un qui veut
Et qui transforme et qui s’acharne au cœur de l’ombre,
Avec ses leviers clairs et ses cylindres sombres
Et le brasier rouge et soudain de ses grands feux.