Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
les plaines


DÉGEL


Il neige blanc sur l’Escaut jaune,

Tout est déteint, brouillé, fondu ;
Et par les bois et les chemins perdus
Les mendiants n’arrivent plus

Chercher l’aumône,


L’âpre et mordant hiver enserre les hameaux ;

Les vieux autour des feux se racontent leurs maux,
À gestes lents et péremptoires ;
On jette un charbon rare au ventre du fourneau.
Tandis que les enfants font claquer leurs sabots

Violemment, aux carrefours, sur les glissoires,


Et le mur est humide, et le sable est mouillé

Qui festonne les pieds de l’armoire en noyer,

Où le pain dort non loin du beurre ;