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de plâtre dans la bouche d’un outlaw à une distance de 40 pieds et de son second avait démoli un trente sous à la volée.

S’il était brave jusqu’à la témérité, Baptiste Verchères avait aussi un fond de justice et d’honnêteté fruste.

Élémentaire.

Réaliste.

Il savait bien que dans l’Ouest barbare, aux méthodes sommaires, il lui était impossible d’imposer une norme de moralité collégiale ou couventine.

Certains scrupules dans le far-west étaient noyés dans des éclats de rire généraux.

Baptiste donnait de la marge aux cow-boys.

Mais il y avait certaines limites qu’ils ne devaient pas dépasser.

Il tolérait les filles de salounes et leur vertu faisandée.

Mais si l’innocence et la virginité étaient offensées, il s’empressait, à coups de feu si nécessaire, de couvrir l’offense du manteau du mariage.

S’il avait horreur du vol, il avait encore plus d’horreur contre la tricherie.

Un meurtre dû à la colère était pour lui une offense négligeable si on la comparait à un meurtre crapuleux commis pour s’accaparer du sale argent.

C’était le printemps.

Les dernières neiges venaient de fondre et la plaine encore molle n’était pas favorable au galop des chevaux.

C’est ce qui surprit Baptiste Verchères quand il vit entrer dans son bureau Vic Troyat, le contremaître du ranch de moutons AB*10,000.

— Qu’est-ce qui peut t’amener ici quand la plaine est détrempée et difficile, mon Troyat ?

— La mort.

— Et le défunt est ?

— Le grand boss…

— Alcide Boyer ?

— Oui.

— Comment est-il mort ?

— D’une ruade de cheval.

Baptiste se leva, se promena de long en large dans la petite pièce, cracha, toussa et finit par dire :

— C’est dur à avaler.

— Quoi ?

— 2 —