Quelques minutes plus tard, debout sur sa galerie, Charmaine dit d’une voix claire et sèche :
— Cow-boys, j’ai décidé quelque chose, vous n’aurez plus dorénavant à accepter d’ordres de M. Renaud. À celui-ci j’assigne d’autres devoirs. Votre nouveau contremaître ici présent, Napoléon Ravelle, est mon seul représentant auprès de vous. Obéissez-lui en tous temps, et si vous avez des plaintes à formuler contre lui, c’est à moi qu’elles doivent être adressées.
Ravelle se leva alors :
— Cow-boys, dit-il, déjeuner dans la bunkhouse à 4.30 heures demain matin, et départ pour la plaine à 5 heures.
Indigné, Battling parut.
Comme il voulait parler, par le truchement d’une jambette, Baptiste le fit tomber.
Se penchant alors sur lui, il lui enleva un brin de paille attaché à sa botte et le lui montra en chantonnant :
« Ils tirèrent à
la courte paille
pour savoir qui,
qui,
qui serait tué… ! »
Les deux hommes se regardèrent longtemps.
Ce furent les yeux de Renaud qui capitulèrent.
Il déguerpit en disant :
— Les choses n’en resteront pas là. Je vais de ce pas faire libérer Vic Troyat par un juge de paix.
Nap dit :
— Chef ?
— Oui… ?
— J’aimeirais bien que vous resteriez, vous et votre posse, pour demain. Je ne connais pas les aitres de cette plaine, et je ne suis pas sûr de tous mes cow-boys.
— Entendu.
— Vous restez ?
— Je reste.
À la fin de la veillée, Charmaine dit à Ravelle :
— Merci, mon ami.
— Merci pourquoi ?
— Pour m’avoir délivrée de Renaud et de ses sottes ambitions matrimoniales.