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— Vous tenir aux aguets dimanche matin ; observer d’ici sans vous faire voir, et au besoin vous montrer, et, et…

— … et tomber dans le tas ?

Verchères sourit :

— Oui, mon ami.

x x x

Le reste de la semaine, le calme lourd, inquiétant, continua sans aucune interruption.

Fait sans précédent, le samedi soir, Baptiste et Gérard n’eurent même point à arrêter un seul ivrogne turbulent.

Enfin le dimanche fatidique arriva.

L’Abbé Taché avait annoncé son service religieux pour 8.30 heures du matin.

À 7 heures tout le monde était debout dans la maison de Baptiste Verchères.

Tout le monde déjeuna excepté le prêtre.

Lorsqu’il eut terminé son repas, le révérend se leva et fit un signe presque imperceptible que l’abbé Taché comprit.

Car il le suivit dans sa chambre.

— Qu’y a-t-il ? demanda le prêtre.

— Il s’agit de votre nièce.

— Huguette ?

— Oui, il vaut mieux qu’elle reste ici ce matin.

— Ah…

Le prêtre exprima sur sa figure l’étonnement, l’incompréhension ; puis peu à peu la compréhension s’en vint…

— Vous croyez ?

Hugh fit un signe de tête affirmatif et expliqua :

— Si vous connaissiez l’Ouest comme moi, mon ami, vous sentiriez la poudre dans l’air.

Gravement l’abbé dit :

— Je pourrais vous affirmer que je n’ai pas peur ; mais ce serait faux. J’ai peur, terriblement peur ; mais il faut que je triomphe de ma lâcheté ; ma foi saura bien vaincre ma terreur.

Le révérend murmura :

Here’s what I justly call a sport !

— Quoi ?

— Oh, rien… En tout cas, Taché, vous m’avez sauvé la vie ; fiez-vous sur moi ce matin ; je vous paierai ma dette de reconnaissance. Ayez une confiance absolue en moi ; j’arriverai au moment où la situation vous paraîtra désespérée. Vous me laissez votre nièce ?

— Oui, car je ne veux pas qu’elle soit outragée.

x x x

8 heures.

Les cow-boys entrent silencieusement dans la tente et s’assoient sur les bancs.

À la fenêtre Hugh et Huguette surveillent.