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près de laquelle j’étais placée se préparait à boire un verre de liqueur jaune clair, qui se renversa en partie sur elle.

— Le diable emporte l’imbécile ! s’écria-t-elle ; voilà ma robe tachée.

Et elle me poussa si brutalement que j’allai rouler à quelques pas. Je restai stupéfaite, n’osant même plus lever les yeux.

Au bout d’un instant, je sentis quelqu’un qui me tirait doucement par la manche. C’était la femme qui travaillait. Je pris la main quelle me tendait et je la serrai de toutes mes forces ; elle me prit sur ses genoux. Mon cœur se détendit un peu.

Les deux femmes qui étaient à table avec des hommes dirent à celle qui était près de G… – Eh ! la Louise, veux-tu du punch ?

— Non, répondit celle qu’on appelait ainsi, c’est bon pour des enfants votre mélasse ; j’aime mieux l’eau-de-vie naturelle.

— Elle acheva de boire le verre qui avait été la cause de ma disgrâce. Puis s’adressant à G…, elle reprit la conversation interrompue.

— Tu dis donc que ce moucheron d’enfant l’appartient ? Tu aurais bien dû la laisser chez toi, car les règlements sont très-durs.

G… garda le silence. Il vida lentement son