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— Viens, Mouton, dit-elle ; tu tiendras compagnie à Céleste.

Nous nous enfermâmes tous les trois dans notre chambre. Le reste de la journée se passa à faire la toilette de Mouton. Lorsqu’il fut bien lavé, bien peigné, je m’aperçus, avec des transports croissants, qu’il était loin d’être laid. Je n’avais plus peur d’être seule.

Quand ma mère eut travaillé quelque temps, comme elle entendait à merveille le commerce, qu’elle avait beaucoup de goût, ses maîtres devinrent très-bons pour elle. Elle raconta sa position et révéla mon existence. On lui fit des reproches de ne pas m’avoir amenée avec elle ; la dame voulait venir me chercher tout de suite.

— N’y allez pas, lui dit maman ; elle a un chien qu’elle ne voudrait pas quitter, c’est une passion dont vous ne pouvez vous faire l’idée.

La dame s’obstina à venir me chercher malgré mon chien, et à m’emmener avec mon chien.

Je fis une entrée superbe, en compagnie de Mouton. J’étais si assolée de ce chien que je ne pouvais parler d’autre chose. Quand on me disait : Tu es gentille, je répondais : Mouton se porte bien. — Es-tu bien sage ? — Je répondais : Il n’est pas gourmand du tout.

Plusieurs mois se passèrent ainsi ; nous étions