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je le trouvais superbe. Nous revînmes à la maison ; il me suivit jusqu’à la porte. J’avais bien envie de demandera maman la permission de le garder ; mais un gros chien mange beaucoup, et nous avions bien juste pour nous.

Le moment suprême était arrivé : maman avait la main sur le marteau de la porte. Je pris mon courage à deux mains :

— Ma petite mère, voilà que nous rentrons, mais le pauvre chien est bien loin pour retrouver sa maison ; si tu voulais, je le garderais jusqu’à dimanche ; je ne m’ennuierais pas, et nous le reconduirions où nous l’avons trouvé.

— Tu es folle, ma fille ; tu veux nous faire renvoyer. Ne te rappelles-tu pas que la propriétaire a hésité à me louer, parce que j’avais un enfant. Si maintenant je lui amène un chien, elle va faire de beaux cris.

Je sentais la justesse de ces raisons. Je ne pouvais pas promettre de cacher mon ami ; il était de la taille d’un gros caniche. La porte s’ouvrit : mon barbet entra avec moi. Je lui disais bien : Va-t’en, va t’en ; mais il remuait la queue et ne bougeait pas. Je roulais dans mes yeux de grosses larmes, prêtes à tomber. Maman n’y tint pas ; elle me prit la main, et baptisant mon chien en signe d’adoption :