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vous puissiez garder votre enfant près de vous. Votre mari ne sortira pas de sitôt, et si j’ai un conseil à vous donner, aussitôt que vous serez guérie, quittez Paris, allez-vous-en le plus loin possible avec votre enfant, car cet homme pourrait vous faire un mauvais parti.

La convalescence de ma mère fut longue. Il lui vint un dépôt et à la suite de ce dépôt un érysipèle.

La pauvre femme craignait la guérison plus que la douleur. Quant à moi, avec l’étourderie de mon âge, je me trouvais très-bien à l’hospice. En un mois de temps, j’étais devenue grasse, fraîche, bien portante. Tout le monde me chérissait. C’était à qui me trouverait jolie ! C’était à qui répéterait que j’avais un esprit incroyable pour mon âge. J’avoue que j’aspirais déjà ces éloges avec bonheur. Ma mère commençait à se trouver mieux ; il fallait qu’elle songeât à nous assurer une retraite sûre.

Prévoyant mon départ, les bonnes sœurs grises me serraient à tour de rôle dans leurs bras. Elles me couvraient de baisers et de chatteries.

Mon Dieu ! que c’était une belle chose pour moi alors qu’un hospice. J’étais une cause d’enchantement perpétuel pour les abonnés. On appelle ainsi dans les hôpitaux les malades qui, atteints depuis