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REPRISE DES ÉTUDES

pour s’aider à jouir de Dieu ; et toute autre amitié est vaine. »

Nous avons déjà parlé de ses relations avec le frère Mayer. Il nous reste, pour nous en tenir aux morts, à dire un mot de son intimité avec un enfant de la Petite-Œuvre, à peu près de son âge. Nous empiéterons un peu sur les événements ; mais ce sera épuiser le sujet.

Né, en 1863, à Gannat, dans l’Allier, Jules Mégret fut élevé à Moulins. Dès sa toute petite enfance, il sentit l’attrait de l’autel. Il n’avait pas quatre ans qu’il essayait de reproduire à la maison les cérémonies de la cathédrale. A sept ans, nous le trouvons à la Maîtrise, grave, recueilli, studieux, mais déjà maladif. Au Bon-Pasteur, chaque matin, il sert la messe de M. l’abbé Gibert, vicaire général de Mgr de Dreux-Brezé ; parfois même celle du seigneur-évêque. Au Carmel, pour une prise d’habit, on l’a vu, dès ce temps-là, à l’harmonium, qu’il touchait délicatement. Il chantait aussi et fort bien. Sa voix de soprano était douce, expressive, pieuse. De sa conscience, nous ne disons rien sinon qu’elle était exquise. Pendant ses vacances qu’il passait à Paris, on voulut le conduire au théâtre. L’enfant qui n’avait pas encore fait sa première communion, comprit que ce n’était point sa place. Très pur il se garda pour le Dieu de ses douze ans.

L’un des secrétaires de l’évêché, plus tard grand vicaire, remarqua cet adolescent frêle, pâle, distingué, et il le conduisit à la Petite-Œuvre de Chezal-Benoît. Jules fut bientôt, parmi ses condisciples, hors de pair pour la finesse et la souplesse de son esprit.

Le regard clairvoyant du frère Verjus pénétra jusqu’à l’âme : elle lui parut radieuse et il l’aima. Ainsi devaient être, pensait-il, Henri Perreyve[1] , ce ravissant modèle de la jeunesse cléricale, et Paul Seigneret, le martyr de la Commune[2].

  1. 22 mars 1880.
  2. 13 juin.