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LE NOVICIAT

Non seulement le vaillant Frère n’abandonna point l’oraison, mais, pour dompter les infirmités de la nature et répondre aux sollicitations de la grâce, il la prolongeait ; parfois même il la recommençait, et, de la sorte, méditait deux heures de suite. « Vaincre ou mourir. » Quelle mise en œuvre de la parole de saint Ignace que nous avons citée : « Il faut agir contre ! Agendo contra. » — « Grande journée. Chemin de la Croix. Que de leçons ! J’ai demandé à Notre-Seigneur de me faire victime de son Sacré Cœur, non seulement dans les grandes circonstances, mais en détail. » — « Aujourd’hui j’ai eu l’idée de me faire victime pour tous mes frères. » — « J’ai mis au pied de la croix de mon Jésus toutes mes affections et toutes les créatures. Je lui ai tout sacrifié. Je me suis sacrifié moi-même. » — « Désolation complète. Mon Jésus, qu’ai-je donc fait ? Encore une sottise ?… Oui, une grande sottise. Le Père-Maître me l’a dit. En soignant le Frère***, j’ai parlé de choses qui ne regardaient pas ma charge. Ô mon Jésus, vous me punissez. Merci. Oui, je l’ai bien mérité. Je suis un mauvais novice, m’a dit le Père-Maître. Ô mon Jésus, quand je vous le disais qu’on ne pouvait plus me supporter ! Ô mon Jésus, je vous offense donc sans le savoir. Je suis donc aveuglé par mes crimes. Ô mon Dieu, il me semble cependant que je voudrais bien vous aimer. Il me semble que je déteste le péché de toutes les forces de mon âme. Ô mon Jésus, pitié ! Donnez-moi une pénitence. Le Père ne veut pas m’en donner, parce que je n’en suis pas digne. Ô mon Jésus, je me jette dans votre Sacré Cœur, consumez mes iniquités. »

Notre-Seigneur lui faisait sentir, comme à toutes les âmes de choix, ses moindres manquements et faiblesses. Voici comme il s’accuse :

« Aujourd’hui, je me suis laissé distraire par le congé. J’ai fait plusieurs fautes que je viens de pleurer bien amèrement devant mon Jésus-Hostie. Il me semblait que Jésus était irrité de ces fautes, après tant de grâces ! »

Quelles sont donc ces fautes ?