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SAINT-GÉRAND-LE-PUY


charge d’infirmier qu’il avait eue à la Petite-Œuvre et que le Père-Maitre lui confia de nouveau, fut pour Henry Verjus une occasion de satisfaire son besoin de dévouement.

Il avait le don de gouverner les malades. « Quels gracieux entretiens, nous écrit-on, son cœur lui dictait au chevet des infirmes ! Il établissait le patient dans la paix, puis dans les sentiments de la piété la plus douce, et, peu à peu, dans la joie de souffrir. » Souvent il exprimait son désir de changer de rôle, d’être malade à son tour et à la place de ses frères, d’être soigné par eux, d’être un enfant entre leurs mains, un petit enfant sans impatience ni murmure, joyeux malgré tout et, s’il se peut, souriant à la maladie et à la mort elle-même.

Que de fois il a demandé à Notre-Seigneur toutes les infirmités du noviciat, attendu que ses compagnons profiteraient des leçons du Père-Maître, des impulsions de la grâce, des saints exemples et que, lui, n’était qu’un pauvre être inutile et stupide !

« En de certains colloques de piété, nous écrit encore le même témoin, je l’ai vu ardent et enflammé, si ému qu’il en avait les larmes aux yeux. »

Mais, les envolées dans les hauteurs mystiques ne lui faisaient point oublier le côté matériel de sa charge. Content de tout pour lui-même, il ne trouvait rien d’assez bon pour ses chers infirmes. Il devinait non pas seulement leurs besoins, mais leurs moindres désirs. Ne lui dites pas que ce sont là des fantaisies et des caprices ; il a, pour les justifier, les mille ressources de la charité la plus ingénieuse, et, pour les défendre, au besoin même devant les supérieurs, les chauds accents de la plus persuasive éloquence. « Un malade dans une famille, disait-il volontiers, n’est-ce pas la bénédiction du bon Dieu ? » Un jour de la « grande retraite » dont nous parlerons bientôt, cinq Anglais ou Irlandais entrèrent à l’école préparatoire que l’on avait fondée, à côté du noviciat, pour la Petite-Œuvre. L’un d’eux, David O’S***, tombe malade. Le