du Sacré-Cœur, c’est à vous que je dois le triomphe ;
merci ! Bonne Mère, vous avez sauvé ma vocation. Sans
vous j’étais perdu ! Merci ! » Oui, cet enfant, dont l’âme
était toute blanche, avait couru, sous l’influence criminelle
d’un malheureux qui s’était glissé on ne sait comment
à la Petite-Œuvre, le risque horrible d’être non pas seulement
troublé, mais corrompu. Par un miracle de la
grâce, il ne vit rien, il ne comprit rien. Quand le directeur
lui eut fait entrevoir l’abîme où il aurait pu tomber,
Henry eut un instant de désespoir, et il se crut damné. La
secousse violente passa, mais un profond découragement
resta. Les études s’en ressentirent, et aussi la piété.
« J’avais perdu, écrit-il, le goût de la prière. Je n’aimais
plus personne. Mais je savais encore dire de tout mon
cœur : Notre-Dame, ayez pitié de moi. » Et le pauvre
enfant ajoute : « Notre-Dame du Sacré-Cœur m’a sauvé.
Elle m’avait conduit à la Petite-Œuvre. Elle m’y a conservé.
Pourquoi ? Je serai martyr du Sacré Cœur. »
L’année 1875 ne s’acheva pas sans de graves changements à la Petite-Œuvre. Vers la fin de septembre, le R. P. Vandel arriva inopinément à Chezal-Benoit avec d’autres Pères. On conclut aussitôt, dans ce petit monde, à quelque chose d’insolite et de grave. En effet, le Révérend Père rassemble les enfants à la chapelle et il annonce que leur supérieur va les quitter pour aller à Rome où l’on vient d’ouvrir un scolasticat et que le R. P. Marie lui succédait. D’instinct, les enfants comprirent que tout allait changer dans leur vie : les enfants ont l’intuition des différences qu’il y a entre les hommes. Jusqu’ici la simplicité, l’ingénuité, la candeur avec un peu de laisser-aller peut-être. Du P. Marie, ils ne connaissaient que l’air austère, imposant, majestueux, et, pour l’avoir entendue une fois ou deux à la distribution des prix du collège, la voix éloquente. On ne rompt point si facilement, n’eût-on pas encore atteint la quinzième année, avec tout un passé. On pleura beaucoup au départ du Père. Henry