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LETTRE
DE
SA GRANDEUR MGR L’ARCHEVÊQUE DE BOURGES
À L’AUTEUR


Mon cher et vénéré Père,

Pendant que vous prêchiez la Station du carême à ma cathédrale, je vous lisais. Je lisais en épreuve la Vie de Mgr Verjus qui va s’ajouter demain à la liste de vos belles publications. Ce nouveau livre est à tous égards digne de ses aînés. Il est de ceux qui émeuvent et captivent.

Aussi cette œuvre est-elle autre chose qu’un éloge compassé et monotone de la vie du saint Missionnaire.

C’est cette vie, rendue présente et agissante par une sorte d’évocation ; cette vie, surprise dans des notes et des correspondances qui nous livrent, jour par jour, ce qui en fit le secret ; ses pensées, ses sentiments, ses joies, ses aspirations, ses espoirs, ses enthousiasmes, ses élans de piété, et aussi — car les natures d’élite n’ont point le privilège d’y échapper — ses peines d’esprit et de cœur, ses craintes, ses luttes, ses abattements, ses souffrances ; cette vie, enfin, replacée par une merveilleuse reconstruction de scènes, naïves ou touchantes, gracieuses ou austères, familières ou poignantes, sur les théâtres divers où elle s’est formée, développée, dévouée et finalement sacrifiée.

C’est en connaisseur d’âmes que vous avez retracé ces états d’âme, et, sans parler du lettré qui se décèle partout, c’est en véritable artiste que vous avez su mettre en jeu, pour peindre les lieux et les choses, cette admirable gamme de couleurs, dont les reflets délicatement nuancés, se jouent dans la trame de votre récit. Plus d’un lecteur ajoutera que vous avez fait aussi œuvre de savant et vous saura gré de la très inédite et large contribution que votre livre apporte à l’étude d’une vaste contrée, à peine mentionnée jusqu’ici sur les cartes du monde.