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VI

L’EXIL

BARCELONE

I

Depuis longtemps déjà de mauvais bruits retentissaient jusque dans la solitude de Chezal-Benoit. « Je ne sais ce qui se passe dans le monde politique, écrivait le frère Verjus. On dit que la persécution est imminente. Ah ! que nous en avons besoin ! » Cette note est du 5 février. Un mois plus tard il écrit encore : « Les nouvelles de la loi Ferry sont alarmantes. Je ne me sens pas troublé. Je suis bien résigné. Peut-être est-ce un chemin pour les Missions. Le Sacré Cœur se sert de tout. » Enfin, le 30 mai : « Les événements se précipitent. Je ne sais où nous allons. Tous les partis cherchent à s’entre-déchirer. Mon Dieu, vous seul ne changez pas. Je vous aime. »

C’était l’heure des entreprises scélérates contre la liberté catholique, l’heure des décrets sacrilèges et des expulsions à main armée.

Le jour où, dans la chapelle du grand séminaire de Bourges, le frère Verjus recevait la tonsure, le 28 juin 1880, on crochetait, à Paris, des serrures, on brisait, on enfonçait des portes, on appréhendait au collet des prêtres coupables de s’être liés à Jésus-Christ par la triple chaîne de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance ; puis, comme des malfaiteurs, on les jetait dans la rue.

De retour à Chezal-Benoît, le Frère écrit : « Les nouvelles sont bien tristes. On ne parle dans la maison que de religieux expulsés par la force brutale et d’églises violées. Où s’arrêteront ces furieux ? Ah ! si vous vouliez accepter mon sang, ô Jésus, pour sauver ma chère Société ! Prenez-le, je vous le sacrifie, bien que je ne sois pas encore prêtre[1]. »

  1. 1er juillet