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de cette vieille femme aveugle, que de tous ceux qui y voient clair. » Sofonisba a surtout peint d’excellents portraits.

Trotti fut le disciple affectionné de Bernardino. Il imita, plus tard, le Soiaro, et forma à son tour une nombreuse école, qui, au commencement du XVIIe siècle, se confondit avec les imitateurs des Bolonais ; car le style des Carraches s’était aussi naturalisé à Crémone. Carlo Picenardi, le Natali, le Miradoro, tenaient, de près ou de loin, à leur manière. Tout est donc fini pour Crémone, puisqu’elle n’est plus qu’une dépendance de Bologne.

Nous voici à l’école milanaise, la plus nombreuse et la plus influente, si l’on excepte Parme à l’époque du Corrége. À son origine, après Giotto, et dans tout son cours, même sous le règne du Vinci, l’école milanaise a sans doute quelque affinité avec l’école florentine ; mais elle y ajoute des qualités propres qui ne se rencontrent nulle part dans la même combinaison. Le dessin est grandiose et élégant, mais moins fier toutefois que celui de Florence. Il est tempéré par une certaine douceur particulière aux Lombards. Le modelé intérieur est plus fin et plus patient. La lumière a des dégradations plus insensibles. Le principe général de la ligne est à peu près le même, mais il se modifie par la suite de l’exécution. Les Milanais ont moins de parti pris et de grande audace que les Florentins. Ces réflexions, qui s’appliquent à Léonard de Vinci comme à ses prédécesseurs, déterminent, quoique bien imparfaitement, le caractère original de l’école milanaise.