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vice, mais en tous cas, dans notre société moderne, nous prétendons que l’exercice des arts n’a rien de particulièrement corrupteur. Cependant nous ne sommes pas sans nous apercevoir que toute profession assure l’indépendance, que cette indépendance est peut-être la chose qu’on tient le plus à contester aux femmes, et que la vanité masculine et les préjugés sociaux qui s’appliquent à les comprimer pourraient bien, à vrai dire, répugner plus à leur indépendance qu’à leur immoralité. En effet, il nous semble frappant que la liberté que nos arts peuvent assurer à une femme n’est pas sans nulle garantie. Loin d’être compromettante, elle nous paraît tutélaire, appuyée qu’elle est sur le travail volontaire et sur l’active assiduité, sources des plus sûres vertus. Quoi qu’il en soit, les spéculations délicates auxquelles nous nous livrons ici ne regardent qu’un bien petit nombre de femmes des classes privilégiées. À l’heure qu’il est, personne ne contestera qu’il n’existe malheureusement bien de pauvres créatures abandonnées par la société sur ses âpres chemins, dans l’intérêt desquelles les beaux parleurs et les chastes moralistes ne discutent guère, et qui ont besoin de gagner leur pain. À celles-là, pourvu qu’elles s’y sentent disposées, nous conseillerons formellement de se jeter le plus possible dans les arts. Eh ! mon Dieu ! où en serait le danger ! N’appartiennent-elles pas à cette caste vigoureuse et belle à laquelle la richesse fait si fort la guerre et qui, jusqu’à présent, semble destinée à être sa pâture ! La plupart ne sont-elles pas désignées,