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consoler ? Loin de le cacher, vous allez en rebattant les oreilles de qui veut vous écouter. Pourquoi donc fermez-vous vos portes, si l’on est si bien chez vous ? Et n’est-ce pas un grand inconvénient et une basse complaisance que de ne les ouvrir qu’à ceux qui font grand bruit ? Si vous étiez plus hospitaliers, on entrerait chez vous avec plus de décence, et, en définitive, vous seriez en meilleure compagnie. Autrefois, du temps de Properzia de’ Rossi, où l’art régnait, où le catholicisme n’avait point abdiqué, le sanctuaire, comme l’atelier, s’ouvrait à la femme : deux grandes voies, quoi qu’on dise, de bonheur, de tranquillité et de vertu. Il y avait de simples et secourables femmes qu’on bénissait sans les connaître ; il y en avait d’ambitieuses et de brillantes dont on portait le mérite aux nues, sans pour cela les flétrir. Il y en avait sans doute de fort détestables qui, mieux occupées et mieux retenues, étaient moins malfaisantes. Évidemment les réformations et les idées contemporaines ont laissé un vide ici. Ce n’est pas, au demeurant, que nous donnions dans le piége des déclamateurs modernes, touchant la destitution sociale des femmes. Rien ne va si bien pour les hommes non plus. Mais si partout le mauvais état est général et ne constitue pas l’apanage spécial de l’une ou de l’autre portion de notre espèce, permettons à toutes deux de se débrouiller. Et que le temple dont Dieu sur cette terre, pour son ornement et pour la joie et l’orgueil de ses enfants, a fourni lui-même les matériaux, s’édifie par les efforts de tous et aux applaudissements de chacun. Qui veut bannir