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ANDREA DAL CASTAGNO,
et
DOMENICO DE VENISE,
peintres.

Quelles paroles seraient assez puissantes pour exprimer l’horreur que doit inspirer l’envieux qui se sert du masque d’une feinte amitié non-seulement pour étouffer la gloire de ses rivaux, mais encore pour attenter à leurs jours ? Quelle voix serait assez éloquente pour flétrir convenablement un semblable scélérat ? Contentons-nous donc de dire qu’un être aussi féroce, aussi infernal, perd le titre d’homme, se ravale au-dessous de la brute, et est indigne de vivre. Autant une loyale émulation est honorable et utile, autant l’envie est infâme et odieuse. Que le mépris et le dégoût poursuivent le lâche Andrea dal Castagno et tous ceux qui, comme lui, ont recours à la perfidie et à l’assassinat pour se débarrasser des rivaux dont la gloire les offusque ! Le talent d’Andrea était grand, il faut l’avouer, mais l’envie qu’il portait aux autres peintres était plus grande encore ; de sorte que son mérite disparaît complètement derrière ses crimes.