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souples ne sont pas de la peinture : elles sont le désespoir des peintres ; on dirait une belle femme qui respire et qui vit.

L’habile Léonard, pour arriver à tant de perfection, avait employé, entre autres, ce moyen : pendant que posait la belle Mona Lisa, il avait toujours près d’elle des chanteurs, des musiciens et des bouffons, afin de la tenir dans une douce gaieté, et d’éviter cet aspect d’affaissement et de mélancolie presque inévitable dans les portraits. Aussi fit-il un vrai miracle.

La perfection de ces ouvrages avait tellement accru la renommée du Vinci, que tous les habitants de Florence voulurent qu’il laissât quelque souvenir à son pays, et qu’il fût chargé d’un grand et considérable travail où son talent et son mérite pussent se manifester librement.

Il fut donc convenu, entre le gonfalonier Piero Soderini et les principaux citoyens, que, par un décret public, on lui donnerait une belle page à peindre dans la grande salle du conseil, si rapidement reconstruite d’après ses propres plans et ceux de Giuliano San-Gallo, Simone Pollaiuoli, dit le Cronaca, Michel-Ange Buonarroti et Baccio d’Agnolo, comme nous le dirons ailleurs avec plus de détails.

Léonard, voulant répondre à l’honneur qu’il recevait, commença son carton dans la salle du pape, à Santa-Maria-Novella. Il prit pour sujet la défaite de Niccolà Piccinino, capitaine de Filippo, duc de Milan : c’est un groupe de cavaliers se disputant un