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pour les idées nouvelles ou progressives. Bientôt le mal s’accrut du funeste engouement que les Bolonais conçurent tout à coup pour certaines images apportées de Constantinople, dans lesquelles l’on avait cherché à se rapprocher, autant que possible, des mosaïques grecques, où, comme personne ne l’ignore, les Madones et les saints aux yeux écarquillés, aux doigts longs outre mesure, aux pieds en pointe, jouaient le principal rôle. Plusieurs élèves de Lippo Dalmasio s’appliquèrent, avec un zèle inexplicable, à introduire ce style dans leurs compositions. Les plus connus sont Pietro Giovanni Lianori, dont il reste quelques ouvrages dans diverses églises et galeries ; Severo, auquel on a attribué un mauvais tableau du musée Malvezzi, et ce Galante que Vasari a eu grand tort de mettre au-dessus de Dalmasio.

Au milieu de cette déplorable décadence, quelques artistes se maintinrent néanmoins dans la bonne voie. Nous citerons entre autres Jacopo Ripanda qui profita de son long séjour à Rome pour étudier les bas-reliefs de la colonne Trajane ; le Bombologno, auteur d’un grand nombre de Crucifix où l’on admire le fini du travail ; puis Michele Lamberti que l’Albane égalait au Francia, et enfin Marco Zoppo qui fait époque dans l’école. Ayant eu l’heureuse idée de faire succéder les leçons du Squarcione à celles de Dalmasio, Marco Zoppo ne tarda pas à se trouver en état de rivaliser avec le Mantegna lui-même. Ses exemples ne furent certainement pas sans influence sur le Francia, dont nous ne