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gardé par des fantassins et des cavaliers, tandis qu’une femme, couverte d’un habit de veuve, brandit un glaive dont la lame va trancher les jours de l’Assyrien, dont elle tient d’une main ferme les cheveux humides de la chaleur du lit et des fumées du vin. Une vieille et fidèle servante encourage du regard sa Judith, et ouvre le sac qui doit recevoir la tête de l’amant accablé de sommeil. Cette composition est une des plus belles et des meilleures que produisit jamais le pinceau du Francia. Elle fut jetée à terre, ainsi qu’une Dispute de philosophes en grisaille, après l’expulsion des Bentivogli, lorsqu’on détruisit leur palais. Ces travaux assurèrent au Francia l’amitié et l’estime de Messer Giovanni, de tous ceux qui étaient attachés à la maison de ce seigneur et de tous ses concitoyens. Il fit ensuite à fresque, dans la chapelle de Santa-Cecilia, qui tient à l’église de San-Jacopo, le Mariage de la Vierge avec Joseph, et la Mort de sainte Cécile. Les Bolonais prisent infiniment ces deux morceaux. Le Francia, voyant arriver à bon port tout ce qu’il entreprenait, acquit une telle facilité, qu’il exécuta une foule de travaux que je passerai sous silence, pour ne m’arrêter qu’aux plus importants et aux meilleurs. La peinture, du reste, ne l’empêcha jamais de s’occuper de la monnaie et des médailles. La chute de Messer Giovanni Bentivogli, qui lui avait prodigué tant de bienfaits, lui causa, dit-on, un profond chagrin ; mais, en homme sage et courageux, il résista assez à la douleur pour ne point abandonner ses travaux. Après le départ de Messer Giovanni, il fit un Baptême du