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plaisait à attaquer les difficultés des raccourcis, il plaça dans ce tableau un cheval qui, en se cabrant, vient tellement en avant, qu’on le croirait en relief. Le soldat qui le guide emploie toutes ses forces pour retenir une bannière agitée par le vent. On remarque aussi un saint Jean qui s’enfuit, enveloppé dans de longues draperies. Tous les soldats sont parfaitement représentés. Leurs mouvements sont les plus naturels et les plus vrais que l’on eût jamais vus jusqu’alors. Il serait difficile de faire mieux : c’est pourquoi nous sommes fondés à dire qu’Ercole avait une rare intelligence de son art, et n’épargnait aucune fatigue pour parvenir à son but.

En face de ce Crucifiement de Jésus, de l’autre côté de la chapelle, il peignit la Mort de la Vierge. Parmi les apôtres qui entourent le corps de Marie, il y a six portraits qui, assure-t-on, sont d’une ressemblance et d’une vérité frappantes. Ercole introduisit dans cette composition son propre portrait et celui du maître de la chapelle, Domenico Garganelli qui, dès qu’il fut achevé, donna mille livres à notre artiste, pour lui témoigner sa satisfaction. On prétend qu’Ercole employa sept années à exécuter ces tableaux à fresque, et cinq autres à les retoucher à sec. Il est vrai que cela ne l’empêcha point de s’occuper d’autres ouvrages ; ainsi il décora, comme l’on sait, de trois sujets tirés de la Passion du Christ, le gradin du maître-autel de San-Giovanni-in-Monte.

Ercole, par son caractère excentrique et par son refus constant de laisser pénétrer dans l’enceinte de