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caractère plus accentué et plus expressif, son coloris est plus énergique, ses fonds d’architecture sont plus riches et plus variés, sa perspective est plus savante et mieux entendue. Maintenant, si nous suivons Lorenzo à Florence, nous voyons, à la vérité, qu’il y séjourna plusieurs mois pour étudier la manière de Fra Filippo et de Benozzo ; mais il ne faut pas oublier qu’il employa surtout ce temps à travailler d’après nature, ainsi que le remarque Vasari. En présence de ces diverses prétentions, Ferrare, patrie de Lorenzo, peut, il nous semble, le revendiquer à bon droit. Elle était bien en mesure d’ailleurs de lui fournir tous les éléments qu’il féconda et propagea ensuite avec tant de bonheur. Déjà dans son sein s’était élevée une génération d’hommes forts dont les enseignements avaient même pénétré dans les autres écoles. Galasso était allé communiquer sa science à Bologne ; Antonio, à Urbin et à Città-di-Castello ; Stefano, à Padoue. Si, dans les galeries et les églises de Bologne, Lorenzo se tient dignement à côté du Francia ; si, dans les palais de Mantoue, il réussit encore à briller, malgré le voisinage du Mantegna, cela ne peut-il s’expliquer que par les prétendus emprunts qu’il aurait faits à ces deux illustres chefs ? Enfin, si Lorenzo n’eût point trouvé en lui-même, non-seulement des qualités brillantes, mais de plus originales, lui aurait-il été permis d’être, à Ferrare, « ce que furent les Bellini à Venise, et le Francia à Bologne, le fondateur d’une grande école, l’instituteur de jeunes peintres dont les uns rivalisèrent avec les plus habiles maîtres du