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ANTONELLO DE MESSINE.

de détrempes ; et jamais le résultat ne répondit à leur espérance.

Parmi ceux qui se livrèrent à de semblables essais, furent Alesso Baldovinetti, Pesello et beaucoup d’autres, qui n’obtinrent pas davantage le succès qu’ils ambitionnaient. Et quand même ils auraient trouvé ce qu’ils cherchaient, il leur manquait encore les moyens d’établir leurs figures sur panneau avec autant de solidité que sur muraille, et de mettre leurs couleurs en état de résister à l’eau et au toucher. Bon nombre d’artistes s’étaient rassemblés pour s’occuper de ces matières ; mais leurs conférences n’avaient produit aucun résultat satisfaisant. Ces difficultés préoccupaient vivement les peintres français, espagnols, allemands et de tous les pays, lorsqu’un Flamand, nommé Jean de Bruges, homme habile dans son art et passionné pour l’alchimie, fit des expériences sur plusieurs sortes d’huiles pour composer des vernis, et sur diverses couleurs. Un jour, après avoir achevé et verni une de ses peintures, il l’exposa au soleil pour la sécher, comme c’était l’usage ; mais, soit que la chaleur fût trop violente, soit par toute autre raison, le panneau se fendit complètement. Jean de Bruges, désolé de cet accident, et dégoûté de la peinture en détrempe, chercha alors la manière de composer une espèce de vernis qui séchât à l’ombre, sans mettre ses peintures au soleil. Après une foule d’expériences, il trouva que l’huile de lin et l’huile de noix étaient les plus desséchantes. En les faisant bouillir avec d’autres ingrédients, il obtint le vernis que lui et tous les peintres du monde