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leurs œuvres et de celles de leurs élèves, où la force se trouve harmonieusement mariée à la modestie et à la naïveté des siècles précédents, aurons-nous à regretter plus d’une fois que les successeurs de Buonarroti n’aient pas imité leur modération, au lieu de s’épuiser en ambitieuses et folles tentatives pour étouffer sous la science l’art et la nature.

Mais, avant de terminer, disons un mot de Vellano. Nous n’aurions pas manqué de nous inscrire contre les éloges un peu ampoulés qui ouvrent sa biographie, si, quelques lignes plus bas, Vasari, dans sa naïve étourderie, ne nous eût épargné la peine de les réfuter. Qu’une critique hargneuse, armée de paroles sonores, grossisse sa voix pour lui reprocher vertement cette flagrante contradiction : nous lui ferons la part belle et facile. Vasari a eu le tort grave de transcrire légèrement un exorde pompeux qui lui aura été envoyé par ses amis de Padoue en même temps que le portrait de Vellano. Après leur avoir laissé dire qu’à moins d’être bien averti, on ne manquait jamais d’attribuer au Donatello les ouvrages de Vellano, il ajoute de son chef : « Vellano avait un extrême désir d’égaler Donatello ; mais la tâche était au-dessus de ses forces. » Scandaleuse et impudente contradiction, que nos savants académiciens ont signalée et stigmatisée avec une rare et vertueuse énergie. Heureux nous serions, si, pour apaiser leur courroux, il nous suffisait de reconnaître avec eux que l’artiste auquel Donatello offrit ses dessins et ses modèles, en gage de son estime, que l’artiste jugé digne de continuer les travaux du