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précieux mélange de fermeté, de finesse et de naïveté, qui touche de bien près à l’originalité. Aussi déplorons-nous vivement que de plus vastes entreprises ne se soient pas offertes à son génie. Il était de taille à lutter dignement avec les Cronaca, les Bramante, les Peruzzi, les San-Gallo. Le pape Nicolas V, qui l’avait choisi pour conseil dans tous ses projets d’embellissement de Rome, lui aurait sans doute demandé quelque grande édification, si la mort ne fût venue empêcher ce pontife de réaliser les larges idées qu’il nourrissait. Par bonheur, Alberti nous a légué un monument qui témoigne de la profondeur de sa science architecturale ; nous voulons parler de ses dix livres d’architecture (De re ædificatoria), qu’il écrivit en latin. Ce traité est le plus célèbre de tous ses ouvrages. Souvent réimprimé, il a été traduit en plusieurs langues, notamment en italien, l’an 1546, par Cosimo Bartoli, prévôt de San-Giovanni de Florence, et en français, l’an 1550, par Jean Martin, secrétaire du cardinal de Lenoncourt.

Vasari dit peu de mots sur les peintures de Leon-Battista et garde un silence absolu sur ses sculptures. Il paraît cependant que ses portraits et ses perspectives étaient fort recherchés, si l’on en croit son contemporain Angiolo Poliziano, et il est certain qu’il fut sculpteur, modeleur, et même graveur de mérite, car le Landini possédait de lui des ouvrages très-estimés en ces divers genres[1]. Quoi qu’il en soit, on lui doit une vive reconnaissance pour ses deux

  1. … E restano nelle mani nostre commendatissime opere di pennello, di scarpello, di bulino et di gette da lui fatte.