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s’emparait souvent de lui ; des bruits étranges et confus bourdonnaient à ses oreilles ; des lueurs fantastiques passaient devant ses yeux, et l’organe de la mémoire subissait des variations extraordinaires : il oubliait jusqu’aux noms de ses amis qui l’entouraient. Il avait déjà essuyé une première maladie également occasionnée par l’abus du travail. À peine convalescent, il écrivit sa comédie de Philodoxeos, dont nous avons parlé plus haut, et se remit presque aussitôt avec la même ardeur à l’étude des lois.

Mais, la seconde fois, les médecins comprirent d’où procédait le mal, et lui défendirent toute occupation qui aurait exigé quelque effort de mémoire. Alberti laissa donc de côté le droit civil et canonique, et aborda les mathématiques et la philosophie, lesquelles, assurait-il, s’attaquent non à la mémoire, mais à l’intelligence. C’est alors qu’il composa son traité sur les mathématiques, Tractatus mathematica appellatus ; celui où il examine les avantages et les inconvénients des lettres, De commodi litterarum atque commodis ; divers opuscules philosophiques et moraux, quelques poésies galantes et satiriques, et plusieurs comédies fort gaies, telles que celle de la veuve et le défunt, Vidua et Defunctus.

Malgré l’énormité de ces travaux qui réclamaient une constitution de fer, Alberti revint à la santé ; mais il se vit forcé de faire fréquemment appel à la variété, pour conserver cet appétit moral que le dégoût remplace lorsqu’on ne met aucun frein à son intempérance. Ainsi, autrefois, quand la frénésie