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rèrent presque de fond en comble Tigoli, et sculptèrent l’ornement de marbre qui est au-dessus de la chapelle de San-Piero, où l’on conserve la tête de saint André. Près de cette chapelle est le mausolée de Pie II, de la main de Pasquino de Montepulciano, autre élève de Filarete et de Bernardo Ciuffagni. Ce Pasquino fit encore un tombeau en marbre à San-Francesco de Rimini, pour Gismondi Malatesti, et divers ouvrages à Lucques et à Mantoue.

Dieu nous garde d’essayer de réformer le jugement dont Vasari a frappé les sculptures de Filarete et de Simone. Leurs portes de l’ancienne basilique de Saint-Pierre, pour nous servir de l’expression de notre auteur, ont fait une trop cruelle injure au siècle qui avait déjà vu les Bruneileschi, les Donatello et les Ghiberti. Mais ces artistes sont-ils les seuls, les vrais coupables ? Pouvaient-ils se soustraire aux malignes influences qui désolaient la capitale du monde chrétien ? Depuis cinquante ans Rome était déchirée par les schismes funestes auxquels l’élection d’Urbain VI avait donné naissance, Rome chaque jour dépensait ses forces dans des luttes déplorables. Trois papes à la fois s’étaient disputé avec acharnement la chaire de saint Pierre. Les conciles de Bâle et de Ferrare, en fulminant l’un contre l’autre des anathèmes incessants, loin d’apporter un remède, n’avaient qu’ajouté au trouble et au