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MICHELOZZO MICHELOZZI

Bientôt après, le duc François Sforce, gonfalonier de la sainte Église, conduisit Filarete à Milan, où il lui fit construire un grand hôpital destiné aux hommes et aux femmes malades, et aux enfants illégitimes  (2). L’appartement des hommes a la forme d’une croix dont les bras ont cent soixante brasses de longueur et seize de largeur. On voit dans les intervalles quatre cours environnées de portiques, de loges et de chambres pour le directeur et les gens attachés au service des malades. L’eau d’un canal passe à côté et fait tourner un moulin. L’hôpital des femmes, dans la même forme que celui des hommes, en est séparé par un cloître long de cent soixante brasses et large de quatre-vingts, au milieu duquel est une église qui sert pour les deux hôpitaux. Cet édifice est si bien ordonné, que je ne crois pas qu’il y ait son pareil en Europe. La première pierre, comme l’écrit Filarete lui-même, fut solennellement posée en présence de tout le clergé de Milan, du duc François Sforce, de la signora Biancamaria, de leurs fils, du marquis de Mantoue, de l’ambassadeur du roi Alphonse d’Aragon, et d’une foule d’autres seigneurs. Sur cette pierre et sur les médailles on grava l’inscription suivante : Franciscus Sfortia dux IV qui amissum per prœcessorum obitum urbis imperium recuperavit, hoc munus Christi pauperibus dedit fundavitque MCCCCXLVII, die XII April. Les peintures qui ornent le portique ont été exécutées, faute de meilleurs maîtres, par Maestro Vincenzio di Zoppa, Lombard (3). Antonio se distingua encore dans la construction