Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/611

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LORENZO GHIBERTI,
sculpteur florentin.

On ne peut exciter plus puissamment les hommes à bien faire, qu’en leur montrant le mérite récompensé par la renommée. L’intelligence s’élève, le poids de l’étude devient léger, les difficultés s’aplanissent, l’ardeur s’accroît lorsqu’on voit les sueurs du travailleur ne point rester stériles. Alors une noble ambition enflamme les esprits, et les pousse à ne rien négliger pour arriver au même rang qu’un heureux rival. Aussi les anciens savaient-ils encourager le talent en lui offrant des richesses, des triomphes et des statues. Mais il est rare que le mérite n’ait pas à subir les persécutions de l’envie. Si l’on ne peut mettre en fuite cet odieux ennemi à force de génie, il faut au moins tâcher de lui opposer un bouclier contre lequel s’évanouissent tous ses efforts.

Lorenzo, fils de Cione Ghiberti, et beau-fils de l’orfévre Bartoluccio, sut faire reconnaître sa supériorité, comme sculpteur, par ses propres concurrents, Donato et Filippo Brunelleschi, qu’un sentiment bien naturel devait porter cependant à lui être contraires. Cet aveu fut vraiment glorieux pour ces