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et de soupes au fromage, avec si peu de discrétion, que j’ai peur que les menuisiers ne fassent de moi une colle au fromage[1]. En vérité, si je continuais, je ne serais plus Paolo, mais fromage ». Les moines le quittèrent en riant, et racontèrent la chose à l’abbé, qui le rappela en lui promettant et en ayant soin de ne plus lui donner de fromage.

Paolo décora ensuite le devant de l’autel de saint Cosme et de saint Damien, de la chapelle de San-Girolamo, dans l’église del Carmine.

Il avait un goût particulier pour les oiseaux, ce qui lui valut le surnom d’Uccello (oiseau). Sa maison était pleine d’études de chiens, de chats et d’autres animaux que sa pauvreté l’empêchait d’avoir vivants.

Chez les Médicis, il peignit des Lions s’attaquant avec une fureur épouvantable. Mais on admire surtout un tableau où il représenta le Combat d’un lion contre un serpent dont les yeux et la gueule lancent un noir venin. Dans le lointain, on aperçoit une paysanne qui s’enfuit épouvantée, oubliant le bœuf confié à sa garde.

Nous conservons dans notre recueil le dessin de ces deux dernières figures, exécuté par Paolo lui-même. Il couvrit ses autres toiles du palais de Médicis, de portraits de cavaliers de son temps.

Dans le cloître de Santa-Maria-Novella, il laissa plusieurs tableaux, parmi lesquels on remarque la

  1. Les menuisiers composaient leur colle avec de l’eau, de la chaux vive et du fromage.