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du Christ chez les Sarrasins. Dans les arcs et sur les voûtes, il peignit des rois de France, des évêques, des cardinaux et des papes attachés à l’ordre de saint François. On remarque entre autres les portraits de Nicolas IV et d’Alexandre V. Tous ces personnages sont revêtus d’habits gris, mais d’une variété de tons merveilleuse. Les uns tirent sur le roux, les autres sur le bleu ; ceux-ci sur le brun, ceux-là sur le blanc. On raconte que Lorenzo exécuta cet ouvrage avec tant de facilité et de promptitude, qu’un jour, le gardien l’ayant appelé pour dîner au moment où il venait de commencer une figure, il répondit : « Servez la soupe pendant que je vais achever cette figure, et je suis à vous. » On a donc bien raison de dire que jamais personne n’eut tant de vélocité dans les mains que Lorenzo.

On lui doit le tabernacle à fresque qui orne l’encoignure du couvent des religieuses de Foligno, et la Vierge et les saints qui sont au-dessus de la porte de l’église, et parmi lesquels se trouve un saint François qui épouse la Pauvreté. Il peignit aussi dans l’église des Camaldules, pour la confrérie de’Martin, deux chapelles et quelques martyrs. Ces travaux eurent un tel succès à Florence, que la famille Salvestrini, dont il ne reste plus aujourd’hui qu’un certain Fra Nemesio, moine du couvent degli Angeli, chargea Lorenzo de représenter, dans l’église del Carmine, des martyrs dépouillés de leurs vêtements, et marchant pieds nus sur des ronces que les bourreaux ont semées jusqu’à l’endroit où on les voit crucifiés. Ce tableau, le plus grand qui eût été