Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/494

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

style et d’une exécution soignée, le firent remarquer par certains Espagnols qui le conduisirent dans leur pays, et le présentèrent au roi qui l’accueillit favorablement. Gherardo n’eut pas de peine à abandonner sa patrie, où sa vie était journellement menacée par des citoyens qu’il avait maltraités, lorsque Michele di Lando fut nommé gonfalonier. Ses travaux pour le roi d’Espagne lui valurent de riches récompenses. Empressé de montrer sa fortune à ses parents et à ses amis, Gherardo revint à Florence. Tous ses compatriotes le revirent avec plaisir. Il ne tarda pas à être chargé de représenter l’Histoire de saint Jérôme dans la chapelle consacrée à ce saint, dans l’église del Carmine. Les attitudes de ses figures sont variées et expressives, et quelques-uns de ses costumes sont imités de ceux que portaient les Espagnols d’alors. Une de ces compositions se distingue par une grâce et une naïveté charmantes. Saint Jérôme est à l’école. Le magister ordonne à un enfant de tenir sur son dos un de ses camarades pendant qu’il lui administre les étrivières. La pauvre petite victime se débat comme un beau diable, et dans sa douleur essaie de mordre l’oreille du complice de son bourreau. On admire également le saint Jérôme, à l’article de la mort, dictant son testament à quelques moines. Les uns écrivent, les autres regardent leur maître dont ils écoutent religieusement les paroles. Cet ouvrage rendit le nom de Gherardo fameux dans toute l’Italie. On l’appela à Pise pour décorer le chapitre de San-Niccolà, mais il ne voulut pas quitter Florence, et envoya à