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taillé dans un seul bloc. Cette chapelle est dans la manière tudesque, mais si gracieuse et si bien proportionnée qu’il est permis de la compter parmi les chefs-d’œuvre de cette époque. Les grandes et les petites figures, les anges et les prophètes, en demi-relief, qui entourent la Madone, et les ornements de bronze, sont d’une exécution vraiment merveilleuse. Mais Orcagna s’efforça surtout de déployer son génie dans ce grand bas-relief, placé derrière l’autel, qui renferme les douze apôtres contemplant la Vierge qui monte au ciel, accompagnée de plusieurs anges. Sous la figure de l’un de ces apôtres, Orcagna se représenta lui-même, vieux comme il était, la barbe rase, la tête couverte d’un chaperon et le visage plat et large. Il grava sur le marbre les mots suivants : Andreas Cionis pictor florentinus oratorii archimagister exstitit hujus, MCCCLIX. La loge et la chapelle coûtèrent quatre-vingt-seize mille florins d’or qui furent assurément très bien employés, car l’architecture, les sculptures et les ornements de ces édifices ont rendu immortel le nom d’Andrea Orcagna.

Andrea avait coutume d’écrire au bas de ses peintures : Fece Andrea di Cione scultore, et au bas de ses sculptures : Fece Andrea di Cione pittore. Ses tableaux sont nombreux à Florence ; les uns se reconnaissent à sa signature, comme celui de San-Romeo ; les autres à la manière, comme celui du chapitre du monastère degli Angeli. Il en laissa plusieurs inachevés, que termina son frère Bernardo, qui lui survécut, mais de peu d’années. Andrea se plaisait