Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

che des personnages, l’Orcagna remplit ce tableau de devises, dont la plus grande partie a été détruite par le temps. Ainsi quelques vieux estropiés s’écrient :

Da che prosperitade ci ha lasciati,
O morte, medicina d’oggi pena,
Deh vieni a darne ornai l’ultima cena.

Il y a d’autres vers encore dans le même style, composés par l’Orcagna lui-même, qui s’occupait de poésie. Des démons arrachent les âmes des cadavres qui entourent la Mort, et les jettent dans des gouffres de feu qui se trouvent au sommet d’une montagne, tandis que des anges en sauvent quelques-unes qu’ils portent dans le paradis. Sur une banderole soutenue par deux anges on lit :

Ischermo di savere e di richezza,
Di nobiltade anco a e di prodezza,
Vale niente ai colpi di costei,

et d’autres paroles difficiles à comprendre. La bordure du tableau est ornée de neuf anges et de devises latines et en langue vulgaire, que nous nous abstiendrons de rapporter pour ne pas fatiguer nos lecteurs de choses aussi peu agréables. Comme nous l’avons dit plus haut, l’Orcagna fit aussi un Jugement universel. Le Christ, placé sur une nuée, au milieu des douze apôtres, prononce ses irrévocables sentences. D’un côté les réprouvés, déchirés par le désespoir, sont entraînés par les démons dans l’enfer ;