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mosaïstes. Nous nous bornerons ici à quelques considérations ; les unes pour dessiner mieux les questions que nous avons à cœur d’établir dans ce premier volume ; les autres, pour attirer dès maintenant l’attention du lecteur sur des points auxquels nous reviendrons plus tard. Nous dirons d’abord que l’emploi, l’importance, la prospérité de la mosaïque doivent éminemment servir à caractériser les besoins artistiques de l’Église et les ressources de l’école byzantine pendant les premiers mille ans de notre ère, de même que son abandon, son insignifiance et ses misères actuelles sont dans un parfait rapport avec le génie moderne. En effet, on ne saurait douter que l’esprit dans lequel s’entreprit le mouvement de la renaissance, et la marche dans laquelle il fut conduit, ne dussent un jour entraîner la mosaïque à sa perte comme plusieurs autres branches intéressantes de l’art. Les écoles de la France, de l’Allemagne et des autres pays du Nord, y renoncèrent franchement, et ne lui permirent aucun accès dans l’ensemble, si hospitalier cependant, de leurs procédés et de leurs moyens. Partout les cathédrales gothiques se privèrent de ce grand élément décoratif des basiliques byzantines. Les écoles italiennes, au contraire, l’accueillirent avec une prédilection toute particulière ; mais en s’y attachant trop, en lui faisant subir les progrès que sa nature et son essence ne comportaient pas, elles l’amenèrent tout à fait en dehors de sa sphère et le perdirent.

Nous dirons ensuite que la mosaïque étant en