Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
BUONAMICO BUFFALMACCO.

ses saillies et à ses aventures joyeuses. Ses œuvres conservées prouvent incontestablement sa supériorité, et l’on comprend fort bien ce que rapporte à son égard le Sacchetti dans sa trente-sixième nouvelle. Plusieurs peintres sont rassemblés et confèrent sur l’art. Maître Andrea Orcagna, l’un d’eux, demande quel a été, dans l’école, le plus grand peintre sans compter le Giotto. Les uns soutiennent que c’est Cimabue, les autres que c’est Stefano, ou bien encore Bernardo Orcagna, et plusieurs préfèrent à tous le Buffalmacco. Au milieu de la discussion ouverte, intervient Taddeo Gaddi, vénérable débris d’une autre génération, qui leur dit avec l’esprit de conciliation et de regret naturel aux vieillards : « Jeunes gens, tous ces hommes ont été de bons et habiles artistes, mais l’art depuis eux a dégénéré et tous les jours dégénère. »

Buffalmacco, sous tous les rapports, a été un des maîtres les plus importans de son époque. L’influence de son talent, de ses principes et de son style est évidente ; on l’a retrouvée à Florence, longtemps encore après lui, et c’est à propos de cela que nous consignerons ici quelques considérations que nous croyons assez utiles.

On a déjà pu voir combien les recherches incertaines de Cimabue et ses vagues efforts pour opérer la rénovation de l’art avaient été consciencieusement repris par Giotto, et surtout intrépidement poussés par lui. La réussite fut immense. Jamais homme, mieux que Giotto, n’avait répondu à son rôle et rempli sa mission. Le caractère inflexible et