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BUONAMICO BUFFALMACCO.

opposa en disant qu’il avait encore besoin de deux ou trois jours pour opérer quelques retouches à sec. Dès qu’il se vit seul, il remplaça le diadème d’or de l’évêque par une guirlande de goujons qu’il avait modelée en plâtre, et le jour même il paya son hôte et partit pour Florence. Deux jours après, les Pérugins, ne voyant plus leur peintre, demandèrent à son hôte ce qu’il était devenu. À la nouvelle de son départ, ils coururent découvrir saint Herculan, qu’ils trouvèrent majestueusement décoré de goujons. Furieux de cette insulte, ils se plaignent aux magistrats et envoient en toute hâte des cavaliers à la poursuite de Buonamico, qui déjà se reposait tranquillement à Florence, fort peu inquiet des malédictions dont le chargeaient les Pérugins, qui n’eurent d’autre parti à prendre que de faire enlever, par un peintre de leur ville, la couronne de goujons, et rétablir le diadème du saint.

De retour à Florence, Buonamico fit de nombreux ouvrages, mais je me contenterai de parler d’une Vierge, tenant dans ses bras l’enfant Jésus, qu’il peignit à fresque, à Calcinaia, pour un paysan qui ne le payait qu’en paroles. Buonamico, peu accoutumé à se contenter d’une semblable monnaie, se rendit un matin à Calcinaia, et convertit l’enfant Jésus en un petit ourson. Peu de temps après, le paysan vit ce fatal changement. Désespéré, il supplia Buonamico de faire disparaître le hideux ourson, jurant qu’il était prêt à payer son double travail. Notre artiste y consentit, et après avoir préalablement empoché l’argent, il n’eut qu’à passer une éponge sur