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tuels de la recrudescence de l’art catholique, pour prouver l’attention particulière apportée par l’église au gouvernement des choses de l’art, remontent tous et se rapportent tous à l’époque byzantine. C’est par des artistes byzantins, ou, si l’on aime mieux, c’est sous la forme byzantine, et par qui l’on voudra, que nous ont été laissés ces peintures, filles du miracle ; ces figures archeïropoïètes, ces ouvrages de saint Luc, ces ressemblances des principaux apôtres, conformes aux visions de Constantin, ces voiles de sainte Véronique, ces Christ au long visage, ces Vierges au teint noir, et tous les types, toutes les images et tous les symboles consacrés. Mais, malgré cela, nous savons qu’on nous dira que l’idée chrétienne, que l’idée catholique, n’a rien à débattre avec les misérables vestiges d’un art issu du paganisme. Mais en ceci on aura tort. Quand une idée s’est abritée, s’est manifestée sous une forme, s’est rendue palpable et intelligible aux peuples, non dans un besoin momentané, non dans une circonstance imprévue, mais dans toutes les situations qu’un laps de mille années peut fournir, l’idée reste bien un peu solidaire de la forme. Et puis d’ailleurs, quel art trouvera-t-on exclusivement propre au christianisme et remplissant toutes les conditions qu’un zèle indiscret prétend que le christianisme impose ? Dieu nous garde ici de ne point avoir prévu, et de ne point nous être réservé la réponse ! Nous partageons de grand cœur et en toute conscience l’admiration que notre époque professe pour les chefs-d’œuvre d’un art que l’in-