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beaux temps d’Auguste, et qui leur prédit les dernières conséquences de toutes leurs transgressions et de tous leurs excès en fait de goût. Entendez, sous Tibère et sous Caligula, le peuple romain déblatérant contre l’indécente parcimonie d’Auguste, qui cependant en mourant avait dit avec complaisance : « J’ai trouvé leur ville de terre, et je la leur laisse tout de marbre. » Voyez Néron, infatué de son talent d’artiste, brûler la ville ainsi faite, parce que la ville lui déplaît, l’ennuie, et qu’il y a trop long-temps qu’il la connaît comme cela, pour n’en pas vouloir une nouvelle. Cependant la ville en flammes contenait et les statues d’or de Néron, divin empereur, et le portrait de Néron, divin musicien, peint sur une toile de cent vingt pieds de hauteur. D’Auguste à Constantin, de miracles en miracles, d’excès en excès, tout ce déploiement de force et de richesses ne fut qu’une monstrueuse et appauvrissante orgie. Le dernier mot de la civilisation romaine sur l’art fut l’altération de l’aspect, de l’ordre, de la convenance, de la proportion, de la beauté, de l’impression, par un insatiable besoin d’étonnement, de profusion, de caprices, de richesse, de débauches et d’émotions matérielles.

La fin de l’art antique proprement dit a été marquée au règne de Constantin. L’antique Byzance, promue par cet empereur au rang de capitale, donna son nom à l’époque que cet acte inouï allait ouvrir. Que cette limite soit entièrement juste ou ne le soit pas, nous l’acceptons pour notre point de départ. Quelle inflexion nouvelle imprima donc à