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L’Œconomie ou le vray Advis pour se faire bien servir.

Ceux qui depuis vingt ans ont escrit la forme et manière de vivre parmy les grands, et qui principalement se sont trouvez honorez de courir en leurs tables et festins, ou bien, comme l’on dit, aux disners d’amis, et ceux qui familierement se donnent à souper les uns aux autres, peuvent, en lisant ce petit traité, cognoistre en partie la vérité, et le sujet de tant de changements et renversements de cuisines4 qui se font journellement ès maisons des grands seigneurs ; car ce n’est pas seulement entre les personnes de qualité où se voient ces diverses mutations ; mais, descendant de degré en degré jusques aux moindres, qui, se voyants comme affaiblies par les excès des tables, se contentent maintenant à ne pas tant ouvrir de fois leurs bourses pour l’entretien de leurs bouches5.

Il y a donc maintenant une reforme generale dont


4. Il y avoit alors déjà des modes pour la cuisine comme pour les habits. On peut voir dans les Délices de la campagne, etc., de Nicolas de Bonnefons, 1655, in-8º, la liste et la description d’un nombre prodigieux de gâteaux, rots, plats de légumes, poissons, crèmes, depuis peu à la mode.

5. V. sur les excès ruineux de la gastronomie, introduite en France, avec tous ses raffinements, par les Italiens de la suite des Médicis, le Discours de Bodin Sur les causes de l’extrême cherté, dans notre t. VII, p. 160–161.