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croire en Dieu, ils n’y croyent non plus que les diables. Ils sont d’ailleurs empeschez : l’ambition intolerable, l’insatiable avarice, l’appetit desordonné de commander, de devenir grand en peu d’heure, d’accomplir leurs cupiditez deshonnestes, et autres choses monstrueuses, en excuse leurs esprits et en destourne leur entendement. Dès le temps de la primitive Eglise, la chrestienté a esté infectée de diverses erreurs, heresies et sectes ; mais de toutes icelles la plus pernicieuse, à mon advis, est ceste dernière de la Ligue, comme celle qui combat directement contre Dieu, contre sa parole et contre sa volonté, pour exterminer les roys, les princes et la noblesse ; et, soubs ombre et pretexte de religion d’affranchir ou soulager le peuple, tasche à ruyner de fonds en comble la monarchie, depuis le plus grand jusques au plus petit. S. Paul vous commande il pas, et S. Pierre tout de mesme, d’obeyr à vos princes quand or ils seroient meschans et heretiques ? Pourquoy donc rejectez vous ce commandement, et, tournant la truye au foing (comme lon dit17), y apportez vous des gloses et constructions d’Orleans18 ? Dieu vous commande de rendre à Cæ-


17. C’est prendre le contrepied des choses, comme l’on feroit si, détournant la truie du gland qu’elle veut manger, on la forçoit de se repaître de foin. V. Ancien théâtre, t. V, p. 240 ; VII, p. 141 ; IX, p. 86. « Ce n’est pas de cela dont j’ai à vous parler, dit un personnage du Pédant joué (acte II, sc. 9) ; mais à quoi diable vous sert de tourner ainsi la truie au foin ? »

18. On connoît l’ancien proverbe : « C’est la glose d’Orléans, elle est plus difficile que le texte. »