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soubs une feinte santimonie, tandis que le bon roy l’accueilloit benignement et luy disoit : Amice, ad quid venisti ? Helas ! s’il eust esté heretique, eust il admis un moyne en son cabinet7 à heure indue, à heure que mesmes messeigneurs les princes ny entroient pas8, à heure qu’il s’estoit speciallement reservée pour demander à Dieu pardon de ses fautes, et luy rendre graces des biens qu’il avoit receus et recevoit journellement de sa saincte bonté9 ; à la mienne volonté que quelque ange se fut interposé à la fureur des bons François qui, premiers appercevans ce piteux spectacle, et poussez d’un juste courroux, firent carnage de ce parricide infame ; qu’ils se fussent contentez de le prendre en vie, affin de luy faire recevoir le supplice esgal à son demerite. La belle histoire que nous eussions euë par son procès, quant il auroit declaré que s’amye Jacquette l’avoit induit à commettre cest assassinat10 ;


7. C’est même, suivant l’Estoille, la crainte qu’on ne dît qu’il chassoit les moines qui lui fit recevoir Jacques Clément en toute hâte.

8. C’est à huit heures du matin que Jacques Clément fut introduit près du roi.

9. Henri III n’étoit pas en prière quand il ordonna qu’on introduisît le moine, mais « sur sa chaise percée, ayant une robe de chambre sur ses épaules ». Lorsque Jacques Clément entra, il ne faisoit que se lever de la chaise « et n’avoit encore ses chausses attachées ». Journal de l’Estoille, 1er août 1589.

10. Malheureusement, comme on sait, il fut tué sur le champ, avant d’avoir pu rien avouer. Sa nièce Jacquette, la duchesse de Montpensier, avoua pour lui. « Dieu, que vous me faites aise, dit-elle quand elle eut appris le